La_saison_de_l_ombre__prix_Femina_.jpgRENTRÉE 2013 La saison de l’ombre aurait pu s’intituler l’Origine du monde. Léonora Miano nous offre un conte universel sur le thème de la naissance d’un peuple, sa disparition et sa renaissance.

Douze hommes d’un village disparaissent au cour de la « nuit du grand feu». Leur absence ne s’explique pas. Les Mulongo vivent en paix depuis toujours, ne se servent jamais de leurs lances et s’excusent auprès d’un animal de le tuer pour se nourrir de sa chair. Douze femmes - dix mères et deux épouses - subissent la douleur de cette disparition.

Léonora Miano, décrit avec une justesse de ton extraordinaire, l’émotion retenue de ses femmes à la douleur indicible. Une douleur à laquelle s’ajoute leur bannissement par les hommes du village, trop heureux de leur infliger une souffrance de plus. Mais la douleur d’une mère, d’une épouse, est au-delà car la mort n’est pas la conclusion de cette absence et de cette souffrance. Au contraire elle est la source d’une renaissance.

L’histoire inimaginable de cet enlèvement dévoile la collaboration de certains peuples d’Afrique avec «les hommes aux pieds de poules» c’est-à-dire les Européens. La traite négrière est inexplicable : comment des peuples peuvent-ils enlever des hommes – des voisins, des amis, des membres de peuples avec lesquels il n’y a jamais eu de conflits - pour les vendre à ceux qui sont venus du pongo ? Toute la monstruosité humaine est là : avarice, cupidité, soif de pouvoir, haine. Toute la puissance de la renaissance humaine aussi, résistance des corps et des esprits, certitude en l’avenir.

Un roman magnifique et puissant, à l’humanité considérable. Bravo !

La saison de l’ombre
Léonora Miano
Grasset
228p., août 2013.

Prix Femina 2013